Article publié dans Concours pluripro, juin 2022

Les chiffres divergent sensiblement – la DGOS compte 238 CPTS en fonctionnement au 31 décembre 2021 (contrat ACI signé) et la FCPTS en dénombre 262 –, mais tous s’accordent à le reconnaître : les CPTS représentent une vraie opportunité pour répondre aux besoins de soins non programmés, pour renforcer la prévention au sein du territoire mais aussi pour attirer de jeunes professionnels de santé. Le 9 juin dernier, la CPTS Grand Douai (Hauts-de-France) a ouvert ses "portes" pour un rendez-vous du Doctolab consacré à la coordination des soins.

 

"10 000 patients sans médecin traitant"

Accès aux soins, prévention, accueil des étudiants, pertinence des soins… La CPTS répond à de multiples besoins de son territoire, qui connaît "une situation assez tendue, explique Robert Valensi, généraliste à la MSP de Sin-le-Noble. Aujourd’hui, 10 000 patients n’ont pas de médecin traitant, soit 10 % des patients de la CPTS. Et ce chiffre évolue chaque jour en raison des nombreux départs à la retraite : sur les 100 médecins traitants de la CPTS, 40 ont plus de 60 ans dont une quinzaine ont plus de 65 ans. La situation va donc se complexifier…" Un constat que partage William Garit, usager de la maison de santé : "Ce matin [le 9 juin, NDLR], j’ai voulu tester, via Doctolib, le délai pour l’obtention d’un rendez-vous. Au plus tôt : le 27 juin pour un généraliste, le 8 novembre pour un cardiologue à l’hôpital de Douai (le 8 septembre à Lallaing), le 17 janvier pour un gynécologue à l’hôpital de Douai, et le 7 mars pour un dentiste, mais à Lambres-lez-Douai. Je n’ai trouvé aucun rendez-vous à Douai…"

Cette difficulté d’accès à un professionnel, c’est le genre d’informations que William Garit, également membre de la communauté territoriale des usagers (CTU) de la CPTS – "la première en France", souligne-t-il, fièrement –, fait remonter aux professionnels. Six commissions d’usagers ont ainsi été créées (numérique, prévention, accès aux soins, violences conjugales, santé mentale, et social et médico-social) pour témoigner du vécu du patient et réfléchir à des solutions, aux côtés des professionnels.

Et si la CPTS a été très active pendant la crise sanitaire, elle continue, hors crise, à mettre en place des actions d’"aller-vers" : le centre d’appels Covid-19 a évolué en centre d’appels de soins non programmés, et pour le Moi(s) sans tabou, "on a mobilisé gynécologues, sages-femmes, médecins et infirmières pour des actions de promotion de la vaccination HPV, du dépistage des IST, d’une bonne santé affective et sexuelle… En mai, on a fait une action diabète au sein d’un centre commercial : dépistage, orientation, atelier diététique, activité physique, pédicure-podologue…", se souvient Mélanie Meirsman, infirmière et étudiante en pratique avancée.

Robert Valensi en est convaincu : la CPTS a un rôle important à jouer dans la maîtrise de stage. Mais "il faut que toutes les professions de santé puissent être maîtres de stage, ajoute-t-il. Si on parvient à attirer un étudiant au sein d’une structure d’exercice coordonné, c’est un pas de gagné !". Ce que la CPTS offre de plus ? "Elle permet de bousculer les habitudes. Tout seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin !", lance Mélanie Meirsman. Si elle reconnaît que les débuts peuvent être fastidieux, "une fois que les gens y ont goûté, ils se disent : 'mais comment je faisais avant ?'"

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