studio Cabrelli

 

 

 

Vous avec co-dirigé un ouvrage sur la santé sociale. Pourquoi parler de cette notion aujourd’hui ?

Parce qu’il y a un double déplacement à faire par rapport aux termes habituels que sont la "santé publique" et la "médecine sociale"… Car on ne trouvait qu’aucun des deux n’était pleinement satisfaisant. D’un côté, il y a un déplacement à faire pour sortir de la médecine sociale et de la logique purement curative, car la santé ouvre sur des dimensions sociales et structurelles. Avec la notion de "santé sociale", on est sur une ouverture qui correspond tout à fait à la définition que donnait l’OMS en 1946, soit un état qui "ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité". Et on trouvait cette idée intéressante : sortir de la médecine seule pour ouvrir sur des notions de bien-être au sens général, avec l’activité physique adaptée, l’ouverture des droits, des ateliers cuisine pour les diabétiques…

Le deuxième déplacement se fait par rapport à la santé publique qui repose souvent sur une opposition de l’individuel et du collectif. Par exemple, on parle beaucoup de "dynamique populationnelle" mais ce serait dommage de réduire la notion à cette opposition. La santé sociale permet donc de réinscrire des soins dans cette dynamique populationnelle, et donc de garder tous les apports de la santé publique, mais en tenant compte également de la participation singulière des patients et de leur environnement. Par exemple, être à l’écoute du patient qui a interrompu son traitement de chimiothérapie non pas parce qu’il ne le veut plus mais parce que le coût d’un trajet hebdomadaire de 60 km en voiture est trop élevé… ou parce qu’il n’a personne pour garder son chien ou son chat pendant son absence. Ce sont des situations qui se produisent chaque jour.

Les pratiques solitaires ne fonctionnent pas aussi bien que les pratiques solidaires
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