Jamais deux sans trois. Après Digoin et Autun, c’est à Chalon-sur-Saône que le conseil départemental de Saône-et-Loire a ouvert la troisième implantation de son centre de santé en à peine six mois. En attendant le quatrième et dernier site, Montceau-les-Mines, dont l’ouverture n’est pas encore programmée. Se voulant un nouveau remède aux déserts médicaux, ce centre de santé a été initié, créé et géré, pour la première fois en France, par un département. Sur chaque site, deux cabinets pour les médecins, un accueil, un second espace de travail pour le secrétariat et une salle de réunion. En dehors des quatre centres, des antennes locales, sans espace administratif, ouverts un à trois jours par semaine, viendront s’ajouter dans les petites communes et villages. Au total, 30 généralistes salariés doivent être recrutés. Le Dr Marie-Pierre Colin, retraitée d’un autre centre de santé, a accompagné le projet : « Nous nous sommes interdits de recruter les médecins déjà installés et de déshabiller Paul pour habiller Jacques, mais nous avons invité les libéraux à des réunions dans chaque territoire. Le projet a été généralement bien accueilli et a reçu le soutien de l’Ordre. »

« C’est une excellente initiative, estime le Dr Éric May, président de l’Union syndicale des médecins des centres de santé. Les collectivités sont des moteurs solides, qui se chargent de l’analyse des besoins et assurent le portage matériel, en termes d’immobilier puis de recrutement. »

 

PAS DE « PAPERASSE »

La perspective d’un exercice salarié en centre de santé semble séduire différents profils de médecins, de tous âges. Tous rapportent leur exigence : ils veulent se concentrer sur la pratique médicale. Le Dr Marianne Fumat fait partie des médecins recrutés par le centre de santé de Saône-et-Loire. À 35 ans, après des remplacements en libéral, elle s’est rapidement tournée vers un exercice salarié, en maison de retraite et PMI. Pour elle, le salariat, c’est « un travail normal, avec des congés, la sécurité sociale, sans charges administratives et sans devoir demander d’argent aux patients ». À 59 ans, le Dr Pascale Rouvera a quant à elle presque toujours été remplaçante. Elle s’est installée, un temps, mais ça ne lui a pas plu. Elle a maintenant choisi de terminer sa carrière en tant que salariée : « C’est le même confort qu’en tant que remplaçante, sans paperasse, sans gestion du cabinet. Je comprends les libéraux qui se plaignent des tâches administratives et ne peuvent plus prendre de nouveaux patients. »

« La crise de la démographie médicale est complexe. On ne peut pas la résumer à “pas assez de médecins”, il y a un problème de répartition, d’accès à la santé, de ruptures territoriales. Des gens qui se sentent abandonnés. La réponse libérale n’est pas suffisante, pas adaptée  », explique encore Éric May. Et contrairement aux idées reçues, « le salariat, c’est la liberté. Il n’y a pas à investir dans une entreprise, dans du bâti. Si l’exercice ne plaît pas ou qu’on doit bouger, une simple démission suffit », ajoute-t-il.

 

DES MISSIONS DÉTERMINÉES

À terme, 70 % des 39 heures de travail hebdomadaires (35 heures annualisées) des praticiens seront consacrés aux consultations et aux visites, 20 % aux missions de PMI, MDPH et personnes âgées (APA) et 10 % à la concertation entre collègues pour discuter de cas complexes ou mettre en place des protocoles d’amélioration des pratiques. Ainsi, la création de centres de santé permet également au département de se renforcer dans ses missions sanitaires en matière de protection maternelle et infantile et de prise en charge du handicap et de la dépendance des personnes âgées.

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